La contre-attaque de Tarnac

3 avril 2009
S. H. - Article paru dans l’humanité

« Depuis sa création, la Ligue des droits de l’homme a toujours combattu l’arbitraire, la raison d’État, rappelle son président, Jean-Pierre Dubois. Je ne suis pas en train de dire que l’affaire de Tarnac est une nouvelle affaire Dreyfus, mais elle est une illustration de plus d’une justice d’exception – la justice antiterroriste – incompatible avec notre démocratie. » Et d’ajouter : « Car on est là à la limite du délit d’opinion ; à ce compte-là, on peut faire passer n’importe qui pour un dangereux terroriste. D’ailleurs, j’alerte la ministre de l’Intérieur et l’invite à s’intéresser à une bande organisée dont le siège pourrait être celui de Réseau ferré de France. Ce matin encore, il y a eu un nouvel attentat terroriste : une panne électrique a paralysé les lignes ferroviaires ! » Pour lui, « le terrorisme a bon dos ». Et de se demander si cette affaire n’est pas « un message d’intimidation envoyé aux milliers des gens qui sont en colère ».
Après les parlementaires, la veille, interpellant le gouvernement pour demander le « déclassement » du dossier Tarnac et la libération du principal mis en examen, Julien Coupat, c’était, hier au siège de la LDH, aux avocats de la défense de passer à l’offensive. « Tous les éléments du dossier ont été scénarisés dans le seul objectif de présenter les mis en examen comme des ennemis de l’intérieur menaçant notre démocratie », a asséné Me William Bourdon, le nouvel avocat de la compagne de Julien Coupat, Yldune Lévy. Pour ce dernier, de fait, la seule chose que l’on peut reprocher au couple, c’est d’avoir fait « un câlin » au bord d’une des voies ferrées où a été posé un fer à béton sur une caténaire. Et, accessoirement, de penser en dehors des clous. C’est la conclusion, en substance, de Me Irène Terrel. Qui s’est employée à démonter un dossier où il n’y a « ni preuve matérielle ni aveu » : « Dans ce dossier, on n’est pas interrogé sur des faits. Mais sur nos vies, nos lectures, nos fréquentations. »
Si la défense a d’ores et déjà demandé au juge d’instruction Thierry Fragnoli de se dessaisir et si d’autres actions sont prévues, pas question toutefois d’abandonner le terrain juridique. Aujourd’hui, Benjamin Rosoux, l’un des proches de Coupat, saura s’il peut retourner à Tarnac pour pouvoir s’occuper de l’épicerie. Car, « pour l’instant, déplore Me Terrel, son contrôle judiciaire l’oblige, alors qu’il a trente ans, à rester chez sa mère, à plus de 800 kilomètres de Tarnac ».
Par ailleurs, la semaine prochaine, les mis en examen devront être à nouveau entendus par la justice. Et ce après avoir prévenu qu’ils ne diront plus rien tant que Julien Coupat restera en prison. D’ailleurs, son avocate, qui constate que le juge d’instruction refuse d’entendre son client une bonne fois pour toutes, n’exclut pas de faire une nouvelle demande de remise en liberté. Même si, pour elle, si son client reste en prison, c’est bien « au nom de la raison d’État ».

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