C’est une victoire pour le « groupe de Tarnac », auquel appartiennent notamment Yildune Levy et Julien Coupat, soupçonnés d’être à l’origine de sabotages de lignes SNCF sur des caténaires, dans l’Oise, l’Yonne et la Seine-et-Marne. Le parquet général de Versailles a annoncé lundi que la justice avait ordonné le 26 octobre l’audition des policiers qui ont participé à la surveillance des deux suspects dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008.
Selon les avocats du groupe, les enquêteurs ont menti dans un procès-verbal sur une filature de Yildune Levy et Julien Coupat, cruciale pour les impliquer. En conséquence, parallèlement à l’instruction parisienne sur le sabotage, une information judiciaire a été ouverte à Nanterre pour faux et usage de faux en écriture publique.
Dans ce cadre, les juges de Nanterre s’étaient opposés à l’audition de dix-huit policiers ayant participé à la filature contestée, ainsi qu’à la saisie des ordinateurs des fonctionnaires. Saisie par les avocats du groupe, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a accédé le 26 octobre à leur demande concernant les auditions des policiers. Mais elle s’est en revanche opposée à la saisie de leurs ordinateurs, a précisé la source judiciaire. L’un des avocats d’Yildune Levy, Me Jérémie Assous, a souligné que la cour d’appel de Versailles avait également fait droit à la demande de communication des numéros de téléphone des policiers.
« C’EST UN TOURNANT DANS LE DOSSIER »
« On va pouvoir comparer leurs numéros avec la borne-relais qui se trouve à cinq mètres de la ligne TGV. S’ils étaient présents la nuit des faits, ils auraient activé le relais de téléphone », s’est félicité Me Assous. « C’est un tournant dans ce dossier, c’est la première fois qu’une décision de justice ordonne un certain nombre d’actes pour que la vérité surgisse », a-t-il estimé, relevant le caractère « extrêmement rare » de l’audition des policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Pour Me Assous, il s’agit d’un « retournement de situation, malgré l’inertie pour protéger la version policière » dans ce dossier qui repose, selon l’avocat, « uniquement sur ce procès-verbal » relatif à la filature.
Cette décision de justice intervient alors que l’accusation a été récemment fragilisée par le versement au dossier fin 2011 d’un relevé bancaire faisant état d’un retrait bancaire de 40 euros sur la carte d’Yildune Levy dans le quartier parisien de Pigalle, à 2 h 44 dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. Or, selon la version des policiers, la jeune femme et son compagnon, Julien Coupat, se trouvaient au Trilport et à Dhuisy, en Seine-et-Marne, cette nuit-là.