Groupe de Tarnac : la justice ordonne l’audition de 18 policiers

5 novembre 2012
Le Parisien

Serait-ce «un retournement de situation», comme l’affirme un des avocats de Yildune Levy, une des membres du «groupe de Tarnac» ? La justice a ordonné le 26 octobre l’audition de 18 policiers qui avaient participé à la filature de membres de ce groupe dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008  afin de mettre en cause la jeune femme ainsi que son compagnon Julien Coupat dans le sabotage de la ligne TGV-Est à Dhuisy (Seine-et-Marne). Le parquet général de Versailles (Yvelines) l’a annoncé ce lundi.

 

Cette décision intervient alors que l’accusation a été récemment fragilisée par le versement au dossier fin 2011 d’un relevé bancaire faisant état d’un retrait bancaire de 40 euros sur la carte d’Yildune Levy dans le quartier parisien de Pigalle, à 02h44 dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. Or, selon la version des policiers, la jeune femme et son compagnon se trouvaient en Seine-et-Marne cette nuit-là.

 

Une enquête ouverte pour faux et usage de faux en écriture publique

 

Selon les avocats de ce groupe (baptisé du nom d’un village corrézien où ils vivaient), les enquêteurs ont menti dans un procès-verbal sur une filature de Yildune Levy et Julien Coupat, cruciale pour les impliquer. En conséquence, parallèlement à l’instruction parisienne sur le sabotage, une information judiciaire a été ouverte à Nanterre pour faux et usage de faux en écriture publique.

 

Dans ce cadre, les juges de Nanterre (Hauts-de-Seine) s’étaient opposés à l’audition de dix-huit policiers ayant participé à la filature contestée, ainsi qu’à la saisie des ordinateurs des fonctionnaires. Mais, saisie par les avocats du groupe, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a accédé le 26 octobre à leur demande concernant les auditions des policiers. Elle s’est en revanche opposée à la saisie de leurs ordinateurs.

 

Des agents de la DCRI

 

L’un des avocats d’Yildune Levy, Me Jérémie Assous, a souligné que la cour d’appel de Versailles avait également fait droit à la demande de communication des numéros de téléphone des policiers. «On va pouvoir comparer leurs numéros avec la borne-relais qui se trouve à cinq mètres de la ligne TGV. S’ils étaient présents la nuit des faits, ils auraient activé le relais de téléphone», s’est félicité Me Assous.

 

«C’est un tournant dans ce dossier, c’est la première fois qu’une décision de justice ordonne un certain nombre d’actes pour que la vérité surgisse», a-t-il estimé, relevant le caractère «extrêmement rare» de l’audition des policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Selon l’agence Sipa, seuls 14 des agents travailleraient pour la DCRI. Les quatre autres seraient issus de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police nationale.

 

A l’époque des faits, la ministre de l’Intérieur d’alors, Michèle Alliot-Marie, avait indiqué que les membres du groupe de Tarnac appartenaient, selon ses services, à «l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome».

 

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